À lire
« Que faire de la vie morcelée, déroutante et insaisissable de son propre père alors qu'on a l'impression de ne l'avoir jamais connu? Peut-on raconter la vie d'un homme en proie aux absences et au délire? Avec force, finesse et pudeur, Gwenaëlle Aubry reconstitue l'histoire singulière de son père, homme brillant mais psychotique qui errait dans la ville au gré de ses élucubrations, au grand désespoir de ses proches. Le livre prend la forme d'un abécédaire dans lequel se côtoient des entrées disparates comme Clown, Gisant ou Hoffman (Dustin), auxquelles se greffent des extraits des cahiers du père qui ne passait pas une journée sans écrire. Sous des apparences fragmentées, le récit présente une grande unité, progressant au rythme des sentiments de l'auteure vis-à-vis de son parcours familial. Car si au départ on sent la gêne sinon la honte de la fille devant les frasques du père, à la fin c'est l'amour et une amorce de réconciliation qui dominent. »
Ce qu’en dit l’éditeur
Je ne sais pas quand je me suis dit pour la première fois "mon père est fou", quand j'ai adopté ce mot de folie, ce mot emphatique, vague, inquiétant et légèrement exaltant, qui ne nommait rien, en fait, rien d'autre que mon angoisse, cette terreur infantile, cette panique où je basculais avec lui et que toute ma vie d'adulte s'employait à recouvrir, un appel de lui et tout cela, le jardin, le soir d'été, la mer proche, volait en éclats, me laissant seule avec lui dans ce monde morcelé et muet qui était peut-être le réel même. Personne est le portrait, en vingt-six angles et au centre absent, en vingt-six autres et au moi échappé, d'un mélancolique. Lettre après lettre, ce roman-abécédaire recompose la figure d'un disparu qui, de son vivant déjà, était étranger au monde et à lui-même. De 'A' comme 'Antonin Artaud' à 'Z' comme 'Zelig' en passant par 'B' comme 'Bond (James Bond)' ou 'S' comme 'SDF', défilent les doubles qu'il abritait, les rôles dans lesquels il se projetait. Personne, comme le nom de l'absence, personne comme l'identité d'un homme qui, pour n'avoir jamais fait bloc avec lui-même, a laissé place à tous les autres en lui, personne comme le masque, aussi, persona, que portent les vivants quand ils prêtent voix aux morts et la littérature quand elle prend le visage de la folie.
Biographie
Gwenaëlle Aubry est née en 1971. Personne est son cinquième roman.
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