Ce qu’en dit l’éditeur
Aux yeux de plusieurs historiens et critiques, le développement du roman est intimement lié à l’expression, voire à la découverte d’une forme originale de comique ou d’humour, à laquelle les oeuvres de Rabelais et de Cervantès auraient contribué de manière décisive. Pantagruel et Gargantua font entendre un rire assourdissant, hors de toute mesure, qui ouvre pour l’imagination un champ de possibilités nouvelles, l’équivalent romanesque, suggère Erich Auerbach, des grandes découvertes[1]. Le rire rabelaisien libère le corps, continent oublié, du discrédit qui l’affligeait ; il témoigne de l’enthousiasme d’une humanité devenue la compagne des géants. Ce rire libérateur précède de quelques décennies le rire à la fois plus spirituel et plus grave du Don Quichotte de Cervantès. À l’heure du désenchantement renaissant, ce roman met en évidence, plutôt que les triomphes comiques des héros de Rabelais, le poids des limites humaines. Le chevalier errant est la proie de son imagination, maîtresse d’erreur ; son enthousiasme débordant, au contraire de celui qui anime Panurge et ses compagnons, ne manque pas de susciter l’hilarité moqueuse de son entourage. En effet, rien ne paraît plus ridicule, aux yeux des voyageurs qui peuplent les routes de Castille, qu’un homme qui, après s’être lui-même sacré chevalier, se lance à la poursuite de chimères.
Biographie
Professeur de littérature québécoise à l’Université d’Ottawa, puis à l’UQAM et maintenant à l’Université McGill, Michel Biron a publié en 2000 L’Absence du maître, Saint-Denys Garneau, Ferron, Ducharme (prix Jean Éthier-Blais). Il est aussi le coauteur d’une magistrale Histoire de la littérature québécoise (Boréal, 2007 ; prix Gabrielle Roy et prix Jean Éthier-Blais).
Laurent Turcot est professeur d'histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire des loisirs et des divertissements, il est l’auteur de Sports et loisirs, une histoire des origines à nos jours (Gallimard, novembre 2016), et, en collaboration avec Stéphanie Neveu, de Vivre et survivre à Montréal au 21e siècle (Hamac/Septentrion, octobre 2016).
Titulaire d'une chaire de recherche à l'Université du Québec à Rimouski, Claude La Charité a été professeur invité au Centre d'études supérieures de la Renaissance à Tours en 2009 et à l'UFR de Langue Française de l'Université Paris-Sorbonne en 2015. Ancien président de la Société canadienne d'études de la Renaissance, il est membre du bureau de la Société Française d'Étude du Seizième Siècle et correspondant de la Société d'histoire littéraire de la France. Lauréat du Prix d'excellence en recherche du Réseau de l'Université du Québec en 2006, il a obtenu un prix de vulgarisation de l'ACFAS en 2008 et la Distinction Alcide-C.-Horth en 2013. Il est l'auteur de plusieurs essais et il a signé des nouvelles dans les Cahiers littéraires Contre-Jour et aux Éditions des Plaines.
Mathieu Bélisle a obtenu un doctorat en littérature à l’Université McGill et mène des recherches postdoctorales à l’Université de Chicago. Il a publié des études sur le roman contemporain, notamment dans les Cahiers Albert Cohen, Les Amis de Valentin Brû, Études françaises et Humoresques. Ses travaux actuels portent sur la définition du personnage dans les romans français et québécois.
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