Trajectoire des confettis (La)

« Dans un premier roman impressionnant de maîtrise à l'architecture harmonieuse et exempte de vice caché, Marie-Ève Thuot s'empare de l'enjeu de la sexualité hyper-moderne et déverrouille l'horizon des possibles sertie d'une malice féconde et d'un regard sagace sur des mœurs en bataille. La trajectoire des confettis aurait pu aisément revêtir la forme d'un énième roman sentimental s'ingéniant à dépeindre avec plus ou moins d'acuité la génération Tinder. Or, c'est tout le contraire qui nous est proposé dans cette fresque familiale touffue qui sollicite sans cesse notre intelligence affective et s'avère édifiée avec autant de soin et de rigueur qu'un tailleur italien œuvrant sur sa dernière création. Les observations sociologiques de Marie-Ève Thuot, en plus d'être fines et nuancées et de démontrer l'insatiable curiosité sociale de l'autrice, sont encastrées dans le récit avec beaucoup de fluidité et de délicatesse. C'est-à-dire qu'en tant que lecteur, nous ne sommes pas obligés de faire un pas de côté pour suivre ses raisonnements. Nous ne sommes pas éjectés du récit lorsqu'elle traite de la «couveuse humaine» de Sloterdijk par exemple qui expliquerait, entre autres, la «persistance de traits fœtaux chez l'adulte» ou dit plus simplement, le phénomène des adulescents. Grâce à ces éclairages savamment distillés, nous nous y enfonçons même davantage. La sexualité et ses expédients ne sont pas saisies comme un impensable, mais plutôt dans leur connotation liminale et plurielle.  »